lundi 30 août 2010

Entrevue avec l'ambassadeur de la municipalité de Rigaud: Gildor Roy!


L’animateur, chanteur et comédien Gildor Roy est à l’image de la municipalité de Rigaud, dont il est en quelque sorte l'ambassadeur, soit simple, intéressant, chaleureux, attachant et unique. L’artiste , qui a célébré son 50e anniversaire de naissance en mai dernier, a accepté de partager ses craintes, ses joies et ses projets d’avenir avec les lecteurs du BelleVie50+.


M-C. P: M. Roy, vous avez célébré le 11 mai dernier, votre cinquantième anniversaire de naissance. On dit souvent que lorsqu’on atteint cet âge, on se remet enquestion, on fait un bilan de sa vie personnelle et professionnelle, de ses accomplissements et de ses regrets. En avez-vous fait un ?


En fait, oui j’ai fait un bilan, mais à 40 ans, parce que j’appréhendais beaucoup plus 40 que 50 ans. Finalement, je dois avouer que les dernières années ont réellement été les plus belles années de ma vie ! C’est certain que comme tout le monde, j’ai des regrets. Mais je ne m’en fais pas outre mesure avec ça. Je suis content et fier de mes enfants et de ma femme, j’habite à Rigaud où j’ai été élevé, je trouve ça cool, c’est une belle place, j’ai peu d’amis, mais j’en ai des bons et j’ai travaillé fort tout au long de ma vie pour avoir ce que j’ai aujourd’hui! Alors,pourquoi m’en faire avec le passé?


M-C. P: Depuis quelques années, on vous connaît surtout comme un comédien et un animateur. Toutefois, vous êtes également chanteur. Vous avez même remportéle Félix de l’album country-folk en 1992 pour votre tout premier disque en carrière intitulé « Tard le soir sur la route».Pourquoi avoir délaissé la musique depuis quelques années pour vous tourner vers l’animation?


En fait, j’ai toujours été très chanceux, je te dirais que je n’ai jamais pris de décisions officielles, j’ai plus suivi le mouvement et mon instinct. On m’offrait des jobs et je me disais, je vais essayer! La 1ère fois qu’on m’a offert d’animer, c’était il y a longtemps àTélé-Québec et j’avais été très surpris. Je ne pensais pas pouvoir le faire! Il n’y a pas grand monde qui veulent animer le matin car ils doivent se lever extrêmement tôt. Je me lève à 2h30 quand j’anime Le Show du matin ! C’est intense, mais je prends une routine de vie particulière.Je me couche en même temps que ma fille de 9 ans à 20h30. Je me couche de bonne heure, j’ai une vie «straight» et mon épouse aime bien ça (rires). Ça fait une belle vie de famille.


M-C. P: Vous êtes né en Abitibi, mais avez été élevé dans la municipalité de Rigaud,où vous vivez encore aujourd’hui. Était-ce important pour vous d’élever vos enfants dans la ville qui vous a vu grandir? Pourquoi êtes-vous demeuré à Rigaud? Avez-vous un attachement particulier pour cette ville?


L’idée n’était pas qu’ils soient élevés dans le même contexte que moi, c’est plutôt que j’ai réalisé que ça ne me tentait pas d’élever des enfants mulâtres à Montréal, à cause du racisme et des gangs de rues. On a donc déménagé à Rigaud et quand Ingrid a accouché. Il y a 17 ans, il y avait très peu de latinos à Rigaud. Quand nous sommes déménagés dans notre rue, il y avait un petit gars de 2 ans qui a eu peur de ma femme la première fois qu’il l’a vu parce qu’elle était de couleur! C’était quand même dans les années 90. On avait bien ri de ça! Maintenant, c’est beaucoup plus ouvert, l’été passé, il y a même eu un Festival latino à Rigaud. C’est peut-être très égoïste, mais je ne voulais pas avoir de problème pour élever mes enfants et en plus j’haïs Montréal. C’est plaisant pour lejet-set, mais je ne resterais jamais là-bas! J’aime mieux être dans le bois que dans le coeur de l’action!


M-C. P: Votre père Gildor Roy senior, a d’ailleurs été maire de Rigaud de 1991 à1995. Il a été très impliqué dans la communauté lorsqu’il occupait le rôle demaire. Avez-vous déjà songé à faire le grand saut en politique pour suivre les traces de votre paternel?


Oui, mais pas maintenant! Actuellement, je n’ai pas le temps. Mais, honnêtement ça fait très longtemps que j’y pense et on m’en parle souvent, étonnamment et pas juste à Rigaud! C’est quelque chose qui est très difficile, mais c’est certain que ça m’intéresse beaucoup. Je suis encore jeune par contre, alors peut-être dans quelques années!


M-C. P: Plusieurs comédiens québécois s’inquiètent à l’approche de la cinquantainesous prétexte qu’il y a moins de rôle qui s’offrent à eux et de manquer de travail.Avez-vous cette crainte face à la cinquantaine?


Je te dirais que ce problème-là touche plus les femmes et pas juste les comédiennes, mais les présentatrices de nouvelles, les journalistes et même les présentatrices météo. Pour ma part, je ne m’inquiète pas outre mesure. Cependant, je m’inquiète beaucoup pour les femmes. Je ne comprends mal pourquoi on engage des jeunes actrices pour faire des rôles de femmes plus vieilles! C’est le plus gros mystère sur terre ! Je me demande aussi qui a dit qu’il faut que les filles soient maigres pour faire du cinéma et être à la télé ? Moi, je cherche le gars qui a décidé ça! Je me demande qui a décidé que tel morceau de linge est à la mode ou que tel type de femmes est mieux que tel autre? Ça m’achale, ce genre de choses-là! C’est pour cette raison que je ferais de la politique, pour aller au fond des choses et découvrir qui décide des choses comme ça et les mettre dehors! (rires)


M-C. P: La cinquantaine est aussi unsynonyme de retraite pour plusieurs.Commencez-vous à songer à celle-ci et avez-vous des projets en tête lorsque le temps viendra d’accrocher votre micro?


Je dis souvent à ma femme que je vais prendre ma retraite dans deux ans et qu’on va partir en République Domicaine et que là-bas on va planter des fleurs, aller à la plage et rien faire de nos journées , mais elle me dit qu’on ne serait pas capable! En vacances, ça va, je décroche car je sais qu’il y a une date où je vais recommencer à travailler alors c’est correct. Mais n’avoir rien devant moi, rien à faire? Je ne crois pas que je serais capable un jour. Un des luxes de notre travail est de pouvoir décider de notre horaire. Si on t’appelle pour un film, tu travailles 20 jours et après c’est terminé. Dans ce sens-là, tu n’es pas obligé deprendre ta retraite, tu peux juste faire plusieurs petits contrats qui te tentent!


M-C. P: Jusqu’à présent, quelle est ou quelles sont les plus belles réalisations de votre vie au niveau professionnel?


C’est certain que le rôle de Germain dans Km/h a été très marquant pour moi. Ça été une belle expérience. On avait vraiment du fun. Des fois, on se demandait si on allait vraiment dire ou faire telle chose, c’était tellement ridicule ! Je suis très fier de ça. Je suis aussi très fier du vieux film Requiem pour un beau sans coeur, j’étais bien bon là-dedans! Il y avait une série qui s’appelait Grands Procès et j’ai tenu le rôle d’un tueur dans une des émissions et honnêtement et humblement, j’étais bon en tabarnouche là-dedans! C’était horrible, parce que je jouais le rôle d’un tueur, mais je suis très fier de ma performance. Une autre chose de laquelle je suis bien fier, c’est Le show du matin, que j’anime présentement. On est une belle gang. Je suis aussi content d’avoir réussi à chanterà Montréal avec mon père dans un spectacle. Il faut dire que lorsque j’accepte un travail, je le fais pour le plaisir que ça va m’apporter et pas pour l’argent ou la notorité que le contrat va m’apporter, alors je dois dire que je ne me suis pas trompé souvent et que j’ai très peu de mauvais souvenirs.


M-C. P: Au cours de la 1ère partie de votre vie, vous avez vécu plusieurs événements marquants tant du côté personnel (votre mariage, la naissance de vos enfants) que du côté professionnel (vos rôles à la télé,au cinéma, au théâtre et votre carrière de chanteur). Que peut-on vous souhaitez pour la seconde partie de votre vie ?


La santé! J’ai très peur de la mort et de mourir. Quand mon père est décédé, toute la famille était près de lui et souvent on entend dire que c’est un beau moment et pourtant, je ne trouve pas ça beau! Il n’y a rien de positif là-dedans. C’est terrible, tu dis au revoir à quelqu’un que tu aimes en sachant que tu vas oublier sa voix, etc. Bref, j’aimerais ça mourir une fois que je saurai que mes enfants sont corrects.J’aimerais ça faire l’Europe au complet avec ma femme, ça fait tellement d’années qu’on se le promet! Du point de vue professionnel, je te dirais que la chose que j’aimerais vraiment faire avant de partir, c’est de réaliser le scénario du film que j’ai écrit il y a quelques années déjà. Je vais le ressortir l’année prochaine pour le peaufiner. J’aimerais vraiment juste le réaliser, sans jouer dedans, juste passer de l’autre côté de la caméra.


En terminant, j’aimerais remercier Gildor Roy pour sa gentillesse et sa disponibilité de même que le Restaurant Club Touriste de Valleyfield pour l’accueil.


Crédit photo: Monic Richard


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