lundi 21 septembre 2009

Entrevue avec Étienne Drapeau!


Avez-vous déjà eu de belles découvertes
artistiques? Que ce soit un livre, une pièce de
théâtre, une peinture, une chanson ou encore un
artiste? Si oui, vous savez ce que ça fait que d’être
surpris positivement par quelque chose ou
quelqu’un. Ce mois-ci, je vous offre une entrevue
avec une de mes découvertes récentes, lors de son
passage au Vieux-Ste-Martine, le 23 mai dernier.
C’est un auteur-compositeur-interprète promis à
une belle carrière! Il respire l’authenticité, le
positivisme et l’intégrité. Rencontre avec l’exacadémicien,
Étienne Drapeau, qui écrit ses textes
avec son âme, son coeur et les livrent sur scène avec
énergie et justesse!

MCP- Vous êtes un des rares chanteurs au
Québec à avoir joué dans la ligue nationale de
hockey (LNH) puisque vous avez été repêché
par le Canadien de Montréal en 1996. Vous
avez joué dans cette ligue jusqu’en 2002
avant de laisser tomber pour devenir
musicien. La discipline que vous avez acquise
lors de votre passage dans la grande ligue
vous sert-elle aujourd’hui dans votre nouvelle
carrière?

Définitivement, je te dirais que le hockey est une
école qui t’apprend beaucoup au niveau de la force
de caractère, de la discipline et de la détermination.
Quand j’étais plus jeune, je ne traînais pas dans les
rues. Au contraire, je faisais du sport de compétition
et il y avait beaucoup de programmes sports-études
à l’école. Ces programmes t’apprennent à avoir une
bonne discipline de travail, parce qu’à tous les soirs
après l’école, tu as un entraînement. Tu as des
matchs à tous les fins de semaine, ce qui t’amène
souvent à faire tes devoirs
dans l’autobus.
Moi, le hockey
m’a appris une
belle discipline
de vie.
C ’ e s t u n
monde qui est
« tough », il
n’y a pas de place pour les sentiments. Les coachs,
c’est des dictateurs et quand ils t’engueulent, tu ne
peux pas répondre. Quand tu as vécu le hockey et
joué 4 parties en 4 soirs, tu trouves qu’écrire des
chansons, de la poésie et gagner ta vie en les
chantant en spectacle, c’est facile. Mon dieu que la
vie est belle et facile dans ce temps-là!

MCP-Vous avez également fait partie de la
deuxième mouture de Star Académie en 2004,
vous avez quitté l’aventure assez tôt, mais
qu’est-ce que l’émission vous a apporté et
qu’avez-vous retenu de votre court séjour à
Sainte-Adèle?

C’est une belle expérience que je suggère de vivre
à tout le monde. Moi, je suis un gars qui a une
philosophie très positive de la vie, je prends toujours
le bon et le beau côté des choses de la vie. Il y en a
qui sont sortis de leur expérience avec certains
points amers, mais si tu calcules tout le pour et tout
le contre de cette expérience là, il y a beaucoup plus
de points positifs! Tu apprends la technique, à
chanter sur des grosses scènes, sur des plateaux de
télévisions avec des bands, à faire des spectacles
devant des foules immenses, par exemple au
Festival d’été de Québec et au Centre Bell. Bref, c’est
extraordinaire! Moi je te dirais que j’avais une
bonne partie de métier d’acquise avant de rentrer là,
j’étais, sans prétention, quelqu’un avant d’être
choisi. J’avais des bands quand je jouais au hockey,
j’ai joué dans plusieurs bars aux États-Unis, à Los
Angeles, à Virginia Beach, à Seattle, à Portland, ect.
J’avais l’expérience et je savais que c’était ce que je
voulais faire de ma vie. J’avais aussi 26 ans quand
j’ai vécu cette expérience là. Star Académie m’a mis
un pied dans la porte et me l’a ouverte un petit peu.
Moi, je l’ai prise comme si c’était ma porte d’entrée
pour arriver à Montréal, être connu un petit peu et
développer mes contacts. Après ça, la côte à monter
est immense! La preuve : combien d’académiciens
sur les 5 cuvées font encore carrière aujourd’hui?
On peut les compter sur seule main! C’est vraiment
après que le travail commence. Je me suis pris en
main, j’ai fondé ma propre compagnie de disque,
ma maison de production avec mon gérant Daniel
Dubé. J’ai produit mes deux albums et l’album
d’une jeune chanteuse, Carla, qui est sorti au mois
d’août dernier. La recette c’est le travail, la
détermination, la passion et le travail!

MCP- Croyez-vous que votre départ
rapide de Star Académie vous a nui dans
le sens où vous avez dû travailler deux
fois plus fort que les autres pour vous
imposer et prouver que vous n’étiez
pas qu’un feu de paille?

Jusqu’à un certain point oui, mais je ne
dirais pas que ça m’a nui, parce que c’est
tellement une belle expérience qu’on en
profite quand même. Sauf que c’est vrai
qu’avec mon premier album, le regard des
gens étaient très méprisant autant envers les
artistes de Star Académie. Moi j’avais ce
sentiment-là, un sentiment d’infériorité
immense envers les autres artistes, je sentais qu’on
me regardait de haut, parce que la première année
avait dérangé l’industrie en vendant 600 000 copies,
la deuxième environ 200 000 et qu’on avait en plus
remporté le Félix pour la chanson de l’année. Après
Star Académie, il y a eu plein de mauvais produits
ou de produits moyens qui sont sortis juste pour
profiter de la popularité du phénomène. Le résultat
de ça a été la saturation du marché et des radios. Ce
qui fait que quand des artistes plus sérieux sont
arrivés (qui faisait partie des cuvées de Star
Académie), ils ne faisaient plus de différence et
tu étais automatiquement étiqueté comme
appartenant au phénomène. Il a fallu que je me
batte contre ça jusqu’à un certain point, surtout que
je suis un auteur-compositeur-interprète et que
j’écris mes chansons. Ça, dans toute la gang de Star
Académie, il y en a pas beaucoup. Grâce à ma
nomination à l’ADISQ et aux 20 000 copies vendues
de mon 1er album et mes tournées de spectacle, les
gens commencent à reconnaître que ma démarche
est sérieuse. Le plus beau commentaire que les gens
me font, c’est qu’ils oublient que je suis de Star
Académie! Je veux être reconnu comme un vrai bon
auteur-compositeur et non comme un chanteur qui
vend un album ou qui fait un hit et qu’on ne revoit
plus jamais!

MCP- Vous possédez votre propre boîte de
production : Les Productions Drapeau.
Pourquoi est-ce important pour vous de vous
impliquer dans la carrière de d’autres
chanteurs comme Carla par exemple et de
leur apporter votre aide?

Je crois beaucoup au fait de donner au suivant, je
pense qu’on a acquit une certaine expérience, on
passe au stade supérieur. Aujourd’hui, je me
retrouve dans un rôle que je n’avais jamais connu,
c’est-à-dire avoir 31 ans et coacher à mon tour une
jeune fille de 16 ans, qui débute dans le métier. Je
suis son directeur artistique, je la coache, ce n’est
pas toujours évident, ça prend beaucoup de rigueur
et de détermination. Moi, je suis un workaholic. Je
suis bon pour elle! Elle est comme mon « bébé »,
mon projet, c’est comme ma petite soeur et je suis
très rigoureux. Je lui répète souvent qu’il faut
qu’elle travaille, parce que je sais comment il faut
travailler fort pour être reconnu et peut-être qu’à
16 ans elle ne le sait pas encore ou qu’elle est en
train de le réaliser. En fondant ma propre compagnie
de disque, il y a cinq ans avec mon gérant, nous
voulions en faire profiter d’autres artistes. Le plus
difficile ce sont les premières années, c’est de
défricher la 1ière partie du terrain. C’est comme
quand tu t’achètes un terrain, c’est juste des arbres
partout, le plus long, c’est de tout défricher. Les
premières semaines que tu travailles, tu ne vois pas
la fin, mais une fois que c’est défriché au complet,
c’est plus facile. Tu t’entoures d’une bonne équipe et
tu prends le roulement, ensuite c’est plus agréable
pour la personne qui arrive et qui en bénéficie. Je
suis content d’en faire bénéficier Carla, qui a un
talent extraordinaire. Je suis certain qu’elle peut
facilement être la prochaine Isabelle Boulay ou
Natasha St-Pier. J’ai écrit sept des dix chansons qui
figurent sur son album. C’était d’ailleurs un de mes
grands rêves d’écrire pour une chanteuse.

MCP-Vous écrivez la totalité de vos
chansons ou presque, est-ce que c’est déjà
arrivé que vous avez mis de côté une chanson
parce qu’elle était trop personnelle pour être
diffusée au public?

Non, ce n’est jamais arrivé qu’une chanson soit
trop personnelle. Au contraire, je te dirais que c’est
ce qui fait les meilleures chansons, parce que les
gens s’y associent énormément. Ils se sentent plus
touchés par l’émotion de celle-ci. La plupart des
chansons que j’écris sont autobiographiques et c’est
très rare que j’en ai écrit une sans que ce soit
réellement arrivé. Quand tu racontes une histoire
avec ton coeur, tes tripes et ton âme, je pense que tu
n’as pas besoin d’en mettre quand tu l’interprètes.
Tu fais juste la livrer dans son pur esprit. Les gens
sentent l’émotion, parce qu’ils voient que tu la vis.
Personnellement, je vis chacune de mes chansons
quand je les chantent. Actuellement, je suis en train
d’écrire mon troisième album et j’écris énormément
ces temps-ci. Je pense que je tombe encore plus dans
le personnel. La rupture que j’ai vécue récemment
m’inspire énormément. C’est certain, que mon
prochain album sera encore plus personnel que les
précédents!

MCP- Depuis le début de votre carrière
musicale, vous avez réalisé quelques uns de
vos rêves comme par exemple chanter avec
Michel Rivard et être comparé à vos idoles lors
de la sortie de votre album, quels rêves
souhaitez vous accomplir au cours des
prochaines années?

Ce serait de vraiment m’implanter dans
l’industrie. Je voudrais être reconnu et rester
longtemps dans ce métier-là! Je vise une carrière à
la Claude Dubois, à la Jean-Pierre Ferland ou à la
Robert Charlebois! Ça ne me dérange pas que ça me
prenne des années, je ne veux surtout pas être le
chanteur d’un hit et tomber dans l’ombre ensuite.
Je veux me créer un public fidèle et diversifié, je
veux le gagner, faire des belles tournées à l’année
longue et vivre de cette passion là! Jusqu’à
maintenant, je suis chanceux, je travaille fort et ça
va bien! Il y a toujours quelque chose d’en -
courageant : une nomination à l’ADISQ, une invitation
d’un autre artiste, une chanson qui passe à la
radio, etc. Ça monte tout le temps et c’est très
intéressant ! Cependant, j’ai très hâte de vraiment
m’installer et être reconnu au même titre qu’un
Nicola Ciccone ou d’un Mario Pelchat. J’aimerais
vraiment avoir une carrière comme eux : ce sont
des artistes établis. Acutellement, je suis entre les
deux, il me manque la marche à monter pour être
un de ces artistes. D’ailleurs, cela m’amène à me
questionner sur mon prochain album. Peut-être
devrais-je signer avec une compagnie de disque
majeure qui pourrait m’aider à propulser ma
carrière encore plus loin? Présentement, je suis en
marge, je fais tout moi-même par le biais de ma
maison de production. Dans ce domaine, tu as beau
avoir produit le meilleur album si tu n’as pas de
moyens pour le faire connaître aux gens, c’est difficile
de le vendre même si les critiques sont positives.

En terminant, je voudrais remercier sincèrement
Étienne Drapeau pour cette rencontre inspirante
ainsi que son agent de spectacle, Daniel.A.Bélanger
pour sa précieuse collaboration! Un merci tout spécial
à Daniel et Sylvain du Vieux-Ste-Martine pour leur
gentillesse et leur accueil chaleureux! ■

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